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Quel est le rôle des marchés pour une économie durable?

C'est ce que le SECO a analysé sur la base d'études. Il s'agit des signaux de prix pour une utilisation efficace de l'énergie, des émissions de gaz à effet de serre contenues dans les échanges commerciaux ainsi que de la répartition des gains de productivité entre les gains salariaux et les gains de temps libre.

Une utilisation efficace des ressources est une condition préalable à une économie durable. Mais quelle est la contribution des marchés qui fonctionnent et où se situent les obstacles ? La recherche sectorielle du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) s'est penchée sur cette question lors du dernier appel d'offres, en réalisant plusieurs études. Trois études examinent l'importance des signaux de prix pour une utilisation efficace de l'énergie, une étude analyse le lien entre le commerce extérieur et les émissions de gaz à effet de serre; une étude met en lumière l'évolution à long terme de la croissance des salaires et des gains de temps libre.

Les potentiels d'efficacité du marché de l'énergie restent inexploités

Des prix plus élevés réduisent la demande. Cela vaut également pour le marché de l'électricité si les prix variaient davantage. Comme le montre une étude de Swiss Economics, les ménages suisses réduisent leur consommation d'électricité de -1% à -3% en cas d'augmentation du prix de l'électricité de 10%. Et ce, jusqu'à présent, uniquement sur une base annuelle. En effet, les prix de l'électricité sont fixes sur un an pour les ménages bénéficiant de l'approvisionnement de base. Le potentiel d'une utilisation plus efficace de l'électricité en raison des fluctuations quotidiennes massives des prix de l'électricité sur le marché de gros reste donc inexploité.

Les prix des carburants bougent plus librement. Comme le montre l'étude de la Haute école spécialisée des Grisons, les consommateurs réagissent à la hausse des prix des carburants. Le volume du trafic diminue. Le comportement d'achat s'adapte. Ainsi, la hausse des prix des carburants a sans doute contribué à l'achat d'un plus grand nombre de voitures électriques et hybrides, même si de nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte dans le choix du véhicule.

La Suisse est championne d'Europe de l'utilisation efficace de l'énergie

Au niveau de l'ensemble de l'économie, la Suisse est déjà championne d'Europe en matière d'utilisation efficace de l'énergie. Aucun pays de l'UE ne génère autant de valeur ajoutée en consommant moins d'énergie, comme le montre l'étude de DIW Econ. D'une part, la Suisse profite d'une part importante de branches relativement peu gourmandes en énergie, comme l'industrie pharmaceutique par exemple. D'autre part, même les secteurs à forte consommation d'énergie, comme la métallurgie, sont plus efficaces sur le plan énergétique en Suisse qu'à l'étranger. Au fil du temps, la Suisse a continué à réduire son intensité énergétique dans presque toutes les branches.

Il y a plus de salaire et plus de temps libre

Au fil du temps, l'économie suisse est non seulement devenue plus efficace sur le plan énergétique, mais elle a également utilisé les facteurs de production travail et capital de manière plus économe. Depuis 1950, la productivité du travail a été multipliée par plus de trois. Cela a permis à la rémunération horaire des travailleurs d'augmenter de 400% durant la même période, alors que les heures de travail annuelles par personne active ont diminué de 37%. L'étude de BSS Volkswirtschaftliche Beratung, du KOF de l'EPF de Zurich et de l'Université de Saint-Gall montre que le recul des heures de travail est notamment dû à une baisse de la durée hebdomadaire normale d'un emploi à plein temps, à une forte augmentation de l'activité professionnelle à temps partiel et à un plus grand nombre de semaines de vacances.

Au cours de la période considérée, le temps attendu à la retraite a en outre nettement augmenté. Enfin, une analyse effectuée à partir de 1997 montre une nette augmentation du temps de travail hebdomadaire moyen des femmes. Le temps de travail des ménages formés d'un couple a ainsi augmenté malgré - ou peut-être à cause de - la tendance à l'augmentation du travail à temps partiel.

L'intensité des gaz à effet de serre du commerce extérieur diminue

La dimension internationale d'une utilisation durable des ressources a été examinée dans l'étude d'Ecoplan. Il était connu que la Suisse, comme d'autres économies ouvertes, est un importateur net de gaz à effet de serre. Une réduction des importations de gaz à effet de serre par des mesures de politique commerciale, comme des quotas d'importation sur les biens à fortes émissions, serait liée à des coûts élevés pour la Suisse. Un prix mondial du CO2 serait plus efficace sur le plan économique. Il est intéressant de noter que dans un tel scénario, la structure du commerce extérieur de la Suisse ne changerait guère par rapport à la situation actuelle où les prix du CO2 varient à l'échelle mondiale.